Seule dans le noir

Jim Lamar? «Quand je dis que c’est pas lui, je veux dire que c’est plus lui.» Voici le commentaire qui accueille après treize ans d’absence le revenant, le rescapé de la guerre du Vietnam. Un pays dont on se soucie peu ici à Stanford: l’interminable Mekong est si loin du boueux Mississippi… Et le retour tardif de Jim – Saigon a été abandonné depuis de longues années par les troupes américaines – n’est plus souhaité par personne. Son intention de se réapproprier la ferme familiale, objet de toutes les convoitises, et ses manières d’ermite dérangent tout le monde. Tout le monde, à l’exception du jeune Billy qui, en regardant et en écoutant Jim le temps d’un été, va en apprendre bien plus sur les hommes que durant les treize années de sa courte existence.

http://www.youtube.com/watch?v=oG6itlFun5A

A première vue tout semble avoir réussi à Pippa Lee. Une quarantaine radieuse, un mari un peu âgé, chic éditeur apprécié par un entourage d'amis cultivés, une belle maison.

Mais sous cette belle apparence que ressent vraiment Pippa, que veut-elle?

La belle image se brouille tout doucement .

"De bay City, je me rappelle la couleur mauve saumâtre.....La couleur des soleils tristes qui se couchent sur les toits des maisons préfabriquées,...Je me souviens d'un mauve sale qui s'étire des heures. Un mauve qui agonise bienveillamment sur le destin ronronnant des petites familles...A Bay City, mes cauchemars sont bleus et ma douleur n' a pas encore de nom."

Amy née un 4 juillet, se morfond à Bay City Michigan, entre le lycée et le supermarché. Sa mère juive polonaise s'est réfugiée là pour oublier le génocide des juifs. Amy grandit dans le déni de ce passé lourd et dans le silence imposé par une mère tyrannique. Ses nuits sont hantées par d'horribles cauchemars ou se croisent ses grands-parents martyrs de la seconde guerre mondiale et le souvenir de sa soeur ainée morte à la naissance. Le jour de ses 18 ans la maison familiale part en fumée. 

Récit violent dans une langue magistrale psalmodiée avec force comme une litanie essayant de conjurer le sort avec des désirs fondamentaux et contradictoires de vie et de mort. Cette insistance pourra dérouter certains mais n'enlève rien à la force du récit qui nous montre que l' Histoire est toujours présente malgré le temps qui passe. Fin magistrale !

La couleur du ciel de bay City reste un long moment dans l'esprit.

" je suis une fille des usines de Flint, une fille de la fumée toxique de la modernité américaine. Je ne vis les choses que par procuration. Les âmes des juifs morts se mêlent dans mon esprit à celles des Indiens d' Amérique, exterminés ici et là, sur cette terre."